Le Desman des Pyrénées : guide technique (2020)

Publié le 8 juin 2020 | Médiathèque

Environnement
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Présentation du LIVRET 4 : GUIDE TECHNIQUE DE RECOMMANDATIONS POUR LA GESTION DU DESMAN DES PYRÉNÉES ET DE SES HABITATS

Compte tenu du fait que le projet Life Desman a été prolongé de 5 ans, nous espérons que les prochains travaux amélioreront les connaissances du cycle de vie et de l’aire de vie du Desman des Pyrénées. Il semble également essentiel que des études soient menés pour présenter des mesures compensatoires efficaces à mettre en œuvre.

Le programme Life+ Desman « conservation des populations de Desman des Pyrénées et ses habitats dans les Pyrénées françaises » est projet de recherche multi-acteurs subventionné par l’Union Européenne sur la période 2014-2019 et qui a été renouvelé pour 5 ans supplémentaires. Son objectif est d’améliorer les connaissances sur le Desman et de produire des outils de gestion permettant de mieux protéger l’espèce.

Dans le Flash Info de janvier 2019 nous vous présentions les outils développés par la DREAL dans le cadre de ce programme pour améliorer la prise en compte du Desman des Pyrénées dans la réalisation de l’état initial de tout projet d’activité, d’aménagement ou d’infrastructure (sur les zones de présence potentielle ou avérée de l’espèce) et faciliter l’examen de ces projets (site DREAL Occitanie).

Un nouveau guide technique vient de paraître et fournit « des recommandations pour la gestion du Desman des Pyrénées et de ses habitats ; outils techniques pour la prise en compte du Desman des Pyrénées dans les procédures d’évaluations environnementales ».

Ce guide comporte trois parties :

  • Un rappel des connaissances actuelles sur le Desman
  • Un récapitulatif des impacts de travaux pouvant perturber le Desman renvoyant à des fiches techniques
  • Des fiches techniques sur les mesures à mettre en œuvre pour limiter les impacts des travaux sur le Desman

Rappel des connaissances sur les Desman des Pyrénées

Ce rapport montre qu’il y a encore de grande lacune dans la connaissance du Desman :

  • Un temps de gestation inconnue (estimé à partir de celui de la taupe) ;
  • Un régime alimentaire estimé, avec toujours de grand doute sur les capacités de chasse de proies terrestres alors qu’il est prouvé que le Desman en consomme ;
  • Une aire d’habitat estimée à 500 mètres mais le guide rapporte tout de même des déplacements observés de plusieurs km (exemple : déplacement observé de 18km sur un an et 6,2km en trois jour au sein d’un cours d’eau). Le Desman serait également capable de franchir des obstacles d’un hauteur importante pour sa taille (observation d’un desman franchissant un seuil de 2m légèrement incliné avec des aspérités et preuve de passage vers l’amont pour un seuil de 10m de haut apparemment via les aménagements annexes type PAP). Le Desman semble donc présenter de meilleurs capacités de déplacement que celles communément admises.
  • Sont présentés comme des facteurs favorisant la présence du Desman : des « écoulements hétérogènes, pentes conséquentes, débits élevés et abris rocheux, substrats grossiers ». Pourtant, le Desman a bien été observé dans « des retenues, des cours d’eau artificiels, des canaux ou des biefs de moulins », qui ne correspondent pas vraiment à la description des facteurs ci-dessus.

Il reste donc encore de grandes incertitudes sur le mode de vie du Desman. Il semble donc compliqué, au vu des lacunes mise en valeurs, que les préconisations de ce livret soient correctement dimensionnées et qu’elles aient une efficacité avérée.

Un récapitulatif des impacts des travaux

Suivant le type de travaux réalisé, le rapport identifie un plusieurs catégories d’impacts pouvant affecter le milieu. Une entrée par les impacts des travaux permet de déterminer les mesures à mettre en œuvre pour éviter ou réduire ces impacts et renvoi vers les différentes fiches techniques détaillées dans la partie suivante.

Des fiches techniques décrivant les actions à mettre en œuvre selon les travaux réalisés

14 fiches techniques proposent des mesures à mettre en œuvre en fonction de la nature des travaux pour en limiter les impacts.

Les mesures proposées ne sont que des mesures d’évitement (qui se résument à ne pas réaliser le projet) et des mesures de réduction. Il est vraiment dommage que ce livret ne propose aucune mesure de compensation, ce qui aurait pu être d’une grande aide pour les porteurs de projet. Il leur est « simplement » conseillé de prendre contact avec les acteurs « experts » locaux de la protection du Desman pour définir les mesures compensatoires à mettre en œuvre.

Fiche n°5 sur la protection et l’organisation des chantiers

Concernant les systèmes permettant de réduire la hauteur de chute et la montaison pour un dispositif de buse, il faut noter qu’installer des blocs n’est vraiment pas idéal si des poissons sont susceptibles de dévaler de l’affluent vers le cours d’eau.

Voir la fiche n°6 : construction et réfection d’ouvrages transversaux et de seuils

Cette fiche n’apporte pas de réponse sur les critères de conceptions à suivre pour construire ou rénover des ouvrages et n’est donc pas opérationnelle.

Pour dimensionner les ouvrages, il serait intéressant d’avoir :

  • une estimation de la hauteur au-dessus de laquelle une chute est considérée comme « mortelle » pour le desman.
  • des ordres de grandeurs des caractéristiques qui définissent un ouvrage comme « non utilisables par le Desman du fait de leurs caractéristiques (trop pentu, seuil non franchissable…) » concernant la réhabilitation de passe à poisson ou de passes à canoë.

Il est également préconisé dans la fiche n°6 d’installer un muret « empêchant la sortie du lit mineur pour les individus du fait de la dangerosité des passages terrestres pour le Desman (risques liés aux prédateurs et aux collisions) ». Pourtant, la « zone d’habitat potentiel du Desman des Pyrénées » comprend une zone tampon de 10 m autour du lit et des zones lentiques du lit majeur. Il faudrait donc vraiment déterminer si le Desman se déplace sur les berges du cours d’eau et jusqu’à quelle distance pour supprimer la contradiction entre les deux préconisations.

Voir fiche n°7 sur les débits

Cette fiche ne précise pas à quoi correspond le « débit d’étiage » : le QMNA5 ? Cette fiche fait la confusion entre le débit réservé et le débit minimum biologique, qui ne sont pas équivalent juridiquement parlant.

Sous prétexte de principe de précaution, sans réel argument sur le bienfait pour le Desman autre « qu’il faut se rapprocher des débits d’étiage naturel », la fiche préconise « une valeur de débit réservé de l’ordre de 25% du module, ordre de grandeur moyen du débit d’étiage pour la massif pyrénéen ». Les études de DMB utilisées pour fixer les débits réservés sont tout de même sensées donner des valeurs de débit « permettant de garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces vivant dans les eaux ». Si ces études de DMB ne donnent pas satisfaction pour le Desman, le programme Life devrait mettre à jour les méthodes d’étude de DMB pour prendre en compte le Desman, plutôt que de fixer des valeurs de débit sur des valeurs issues de statistiques hydrologiques (25% du module, QMNA5…) qui n’ont aucun lien avéré avec la biologie du cours d’eau.

De plus, les débits d’un cours d’eau varient naturellement. Si des variations entre le 10ème du module et le QMNA5 suffisent à « déconnecter les berges » et sont dommageable pour le desman, c’est qu’il ne pourra jamais vivre dans un cours d’eau. Enfin, il faut noter que les variations de niveau d’eau dans les retenues et les canaux de centrale sont limitées par la gestion de la centrale, ce qui amène à penser que ces milieux sont donc favorables au desman.

Mots clefs : desman, pyrénées, guide