Les fondements scientifiques favorables aux ouvrages en rivière
Publié le 8 septembre 2020 | Médiathèque
EnvironnementDétruire les moulins, étangs, canaux, retenues ? 100 travaux scientifiques mettent en garde contre un choix précipité et mal informé.
La Coordination nationale Eaux & Rivières Humaines (CNERH), un regroupement d’association avec lequel France Hydro Electricité est en lien, publie une synthèse bibliographique sur l’effacement des ouvrages hydrauliques : « Détruire les moulins, étangs, canaux, retenues ? 100 travaux scientifiques mettent en garde contre un choix précipité et mal informé ».
Cette synthèse bibliographique cite 100 publications scientifiques récentes qui montrent la diversité et la complexité des analyses concernant l’aménagement des rivières. Certaines de ces conclusions remettent en question certains choix en matière de politique de l’eau.
Les travaux de recherche recensés dans ce dossier démontrent les points suivants :
- Les milieux créés par les ouvrages hébergent de la biodiversité.
- La biodiversité des bassins versants évolue depuis des millénaires sous influence humaine, dans le cadre d’une « socio-nature », rendant illusoire la définition administrative d’un « état de référence ».
- Les ouvrages anciens et de petites dimensions ont souvent des impacts faibles à nuls sur le transit des sédiments ou la circulation des poissons grands migrateurs.
- Les ouvrages, en particulier les chaines d’ouvrages de type moulins et étangs, assurent une retenue d’eau sur les bassins (surface, nappe), leur disparition altérant ce service environnemental.
- Les pollutions et les usages des sols du bassin versant ont des effets beaucoup plus marqués sur la dégradation de l’eau que la morphologie du lit.
- Au sein de la morphologie, les densités de barrages ont des effets faibles à nuls sur la qualité de l’eau et des milieux, voire un certain nombre d’effets positifs mesurés dans divers travaux (dépollution et hausse de biodiversité bêta du bassin en particulier).
- La restauration écologique, et en particulier morphologique, des rivières est confrontée à des résultats incertains, parfois des échecs.
- Les effacements d’ouvrages hydrauliques ont parfois des effets négatifs avérés : incision des lits, pertes de milieux (zones humides, ripisylves), pollutions, disparition d’aménités culturelles.
- Les politiques de rivières sont en déficit de reconnaissance des aspirations des citoyens et des dimensions multiples de l’eau, avec certaines expertises qui ont des biais manifestes mais sont mises en avant sans débat par les gestionnaires.
- Les résultats en écologie aquatique sont contextes-dépendants (contingents) et cela interdit de faire des prescriptions généralistes sur les ouvrages et leurs milieux, le cas par cas (vue intégrée par site, parrivière, par bassin) étant une absolue nécessité pour ne pas engager des résultats négatifs.
France Hydro Electricité plaide depuis 10 ans pour objectiver les critiques et les reproches faits aux ouvrages. Nous sommes disposés à échanger sur nos impacts avérés ou supposés avec toutes les parties prenantes intéressées, à la condition que les arguments mis en avant soient objectivés sur le plan scientifique, en toute transparence, sans dogme de part et d’autre.
Nous souhaitons que soit ouvert un débat pour définir clairement les objectifs en matière de restauration la biodiversité. Les rivières aménagées par les humains sont très certainement divergentes des rivières non aménagées, mais c’est également vrai pour tout milieu en France (une prairie, un champ, une ville, une forêt de plantation diffère aussi d’une forêt primaire). Or nous savons que la quasi-totalité des milieux, dont les rivières françaises, sont impactées par les activités humaines. Nous souhaitons que soit mené une réflexion sur ce que signifie désormais la biodiversité et la fonctionnalité de l’eau à l’Anthropocène.
France Hydro Electricité se réjouit du travail remarquable de cette synthèse qui permettra aux propriétaires et exploitants d’ouvrages hydrauliques d’apporter des éléments scientifiques contradictoires. L’administration ne peut pas balayer les conclusions de ces études scientifiques de haut niveau et validées par des paires. Il est donc intéressant d’utiliser ces références dans le cadre de vos dossiers d’autorisation, des recours éventuels contre vos projets ou encore au-delà, pour défendre une autre vision des cours d’eau auprès des élus et du public, une vision plus raisonnée et apaisée de l’écologie des rivières, dans le respect des usages et de la biodiversité.